Une histoire a toujours un commencement et une fin. La vie début par la naissance et fini par la mort. Pour ma part j'aurais souhaité ne jamais naître cela aurait évité bien des malheurs dans la vie de personnes qui m'ont côtoyé. Enfant peu voulu où du moins pour être plus précise, c'est moi qui aurait souhaité qu'on ne me désire pas. Pourquoi vivre si ce n'est que pour subir les mauvaises choses constamment ? Ah les côtés heureux de la chose j'en ai très peu de souvenir. Oui, car j'ai bien trop jeune pour me souvenir de tout. Quand vous êtes âges de seulement un an que retenez-vous sincèrement ? Âgée de 20 ans à ce jour, je n'ai que des sourires quelques visages des flash très court de cette période. C'est surement le si peu que l'on retient. Mais si vous désirez mon début je ne peux pas vous le conter avec des souvenirs d'époque, car c'est récemment que j'ai appris la vérité.

Peter & Amaryllis Blackbird, des noms parfaitement inconnus durant toute ma vie vécue, je vais dire. Pourtant, ce sont mes parents. Parents biologiques j'entends dire. Un couple, selon les dires des plus charmants désirant fonder une famille. Ils avaient déjà adopté un petit garçon, car la femme croyait être stérile mais miraculeusement trois ans après cette adoption, elle annonça à son époux l'arrivée d'un heureux événement. Et six mois plus tard, arrivèrent deux têtes brunes. Oui j'ai bien dit deux. Deux filles. Identiques comme deux gouttes d'eau. Des jumelles. Ils les prénommèrent Roliryn Solveig Blackbird et Ilyana Acideen Blackbird. Des noms encore là inconnus pour moi et même le mien qui m'est connu à ce jour. Je ne me souviens de la courte période que j'ai vécu à leur côté. Il faut dire que j'étais âgée à peine d'un an tout au plus quand le drame se produit. Un accident de voiture qui coûta la vie à mes parents biologiques. Étant à la garde de nos grands parents, ils ne purent nous garder tous les trois et ne gardèrent que deux enfants. Faisant un choix entre deux jumelles et un enfant déjà adopté ils décidèrent de faire adopter une des deux jumelles et le sort me désigna, la plus jeune des deux de quelques minutes. Ce fut ainsi qu'on m'offrit à une autre famille.

Âgée donc d'un an et quelques mois, je m'étais faite adoptée. Il n'avait pas fallu longtemps à mes grands parents pour trouver une famille en apparence parfaite. Aisée financièrement, débordant d'amour, elle semblait avoir tout pour plaire. La femme venait d'arrêter de travailler comme styliste pour se consacrer à sa famille et l'homme était homme d'affaire donc il voyageait beaucoup. Ils habitaient à Melbourne, ce n'était donc pas si loin de Sydney mais malheureusement les deux familles d'un commun accord, quelque peu forcé par la famille adoptive, décidèrent qu'il était préférable que les jeunes fillettes ne sachent pas pour leur jumelle et ne se voient jamais, du moins jusqu'à ce qu'elles aient l'âge de comprendre. Puis elles séparèrent les deux fillettes qui ne comprirent pas sur le coup. Bien sûr cet épisode de ma vie, je me souviens simplement d'un regard rempli de larmes de cris. Rien de plus. Je pense même que ce furent les uniques souvenirs d'Ilyana Acideen Blackbird enfant.

À partir de ce départ, je fus Kaydence June Forwell, enfant unique de la famille Forwell. Enfant heureuse avec une maman poule, avec un coeur en or. Je vécus paisiblement. Grandissant dans un environnement des plus agréables. J'aime me souvenir de mon enfance jusqu'au premier drame de ma vie. C'était une période si agréable, si douce. Des rires, des sourires, aucune larme, juste le bonheur dans ma vie. Mon père travaillait beaucoup et pour son travail devait voyager. Il était donc très souvent en déplacement et j'étais très souvent avec ma mère ou ma nounou quand ma mère allait rendre visite à ma tante où rejoignait papa pour quelques jours. Du moins c'est encore ce qu'on me faisait boire à la petite cuillère.

Arrivée à l'âge de 12 ans on ne me faisait pas gober tout ce qu'on voulait. J'étais une enfant avec un bon petit caractère, très curieuse et qui aimait écouter aux portes. Un soir alors que ma mère m'avait demandé de monter, car il était tard, je m'étais cachée dans le haut des escaliers. La porte d'entrée s'ouvrit et ma mère se précipita affolée. Une silhouette que je ne reconnue pas immédiatement tituba jusqu'à ma mère. Une voix brailla le nom de ma mère tandis qu'une main se leva et s'abattit sur la joue de ma mère. Mes yeux s'étaient alors écarquillés d'un seul coup sous la surprise. Mon esprit de fillette ne comprenait pas vraiment pas ce qui se passait alors sur le coup, mais avec une analyse de maintenant, je peux dire que ce soir-là mon père était rentré ivre comme de nombreux soirs avant. Mais cela on avait bien soigné à que je n'y assiste pas. À chaque fois qu'il rentrait d'un voyage il passait par la case bar pour se saouler jusqu'au stade à avoir de la peine à tenir sur ses jambes. Bien sûr, ce n'était rien comparé au reste du secret qu'on me cachait. Il violentait ma mère et elle ne disait rien. À ses genoux elle ne faisait que pleurer en silence. Devant la détresse de ma mère, j'eus cette impulsion de me lever et d'accourir pour l'aider, mais à peine levée la marche sur laquelle j'étais debout grinça. Je me souviens nettement du changement d'atmosphère, du moindre gestes qui se produit juste après ce grincement. Ma mère leva les yeux vers moi, ce regard si tendre à son habitude était empli de panique. Elle se leva d'un bon devança les braillements de l'ivrogne derrière elle qui me désigna maladroitement d'un index peu fixe. Ma mère me criait d'aller dans ma chambre, tandis que le poireau avançait d'un pas titubant vers les escaliers. Prise par la peur j'étais tétanisée sur place. Je voyais ma mère d'un côté empêchant mon père de s'approcher de moi et de l'autre mon père qui grommelait des paroles ignobles à mon égard où à celui de ma mère. Je partis donc m'enfermer à clé dans ma chambre. Je ne m'endormis pas pour autant. Non, car je pouvais entendre les cris et le bruit de choses cassées. Ce n'est que quand le silence enveloppa de nouveau la maison que je sombrai par la fatigue dans le sommeil. À cet instant je ne savais pas ce que me réservait encore l'avenir et ce que j'allais endurer durant près de cinq ans.

Le lendemain, ma mère couverte d'hématomes fit comme si de rien était. Elle me jura alors que j'avais un cauchemar et qu'elle m'avait veillé toute la nuit. Sauf que le verre brisé dans la poubelle me démontra tout le contraire. Depuis je ne dormais pas sur mes deux oreilles comme je le prétendais, j'écoutais tout ce qui se passait soit au rez-de-chaussée soit dans la chambre de mes parents et je n'étais pas aveugle devant les blessures que ma mère présentait. Trois années passèrent alors dans ce même calvaire infernal. Plus je grandissais plus je voulais m'interposer entre ma mère et mon père et je commençais à prendre des coups à la place de ma mère. Cela commença par une simple gifle, qui marqua un minimum. Je fus mise alors dans l'engrenage du mensonge, poussée par ma mère pour qu'on ne me retire pas à elle. Elle voulait juste comme elle disait « garder son bébé près d'elle », car j'étais sa raison de vivre. Pourtant, ce n'était pas la vérité, vu qu'elle me quitta le 3 décembre 2006 en se suicidant. Quand je rentrai alors du collège, je découvris le corps de ma mère, pendu au plafond de sa chambre. Je fus suivie par des psychologues bien sûr, durant six mois, jusqu'au moment où mon père ne supporta plus cette comédie. Il se remit alors à bord et ce fut moi la victime de ses coups et abus...

Six mois après le suicide de ma mère mon père recommença à boire. Il perdit alors son boulot et restait tout le temps à la maison. Les seules fois où il n'y était pas, c'était pour aller son alcool se saoulant dans les bars sur le chemin bien sûr. Bien sûr, je ne voulais pas voir mon père ainsi et aussi faible que l'était ma mère, je me mis des oeillères pour ne rien voir de la vérité. Pourtant, la réalité me rattrapa bien vite, trop vite même.

Un soir alors que je me trouvais dans ma chambre en train de faire mes devoirs mon père fit irruption totalement ébréché par l'alcool. Je peux encore sentir ce parfum immonde qui avait empli ma chambre en quelques minutes. Sur le coup, je m'étais figée, car j'avais toujours eu l'habitude de m'enfermer dans ma chambre à clé. Pourtant, le sort en avait fait autrement ce soir-là. Il était donc là déjà bien ivre à me reprocher toute sorte de choses, la seule chose que je retiens c'était que j'étais le fléau de sa vie. Depuis qu'ils m'avaient adoptée, il avait été obligée de travailler pour nourrir trois bouches et maintenant que celle qui l'aimait plus que tout au monde l'avait quitté et que j'étais restée il vivait un cauchemar. J'avais beau me comporter comme elle je ne serais jamais elle. C'est après ces paroles qui me retournèrent, qu'il me plaqua contre le mur un bras contre mon cou, me coupant pratiquement la respiration. Je ne cherchais même pas à me défendre, le mot « adoption » me raisonnait telle un gong dans mon esprit. Il marmonna des choses qui ne m'ont pas marquée plus que cela...
Ce ne fut que quand je sentis sa main passait sous mon haut que j'eus le réflexe de me débattre. Malheureusement il me bloqua les bras m'empêchant de me débattre quoi que je puisse faire. J'optai alors pour ma dernière solution hurler, oui hurler pour appeler à l'aide. Mais qui viendra ? Pourrait-il que mes voisins puissent entendre mes cris. Il m'insulta de petit garce et me frappa si violemment que sous la gifle je perdis l'équilibre et ma tête se cogna au coin de mon bureau. Une douleur atroce fit irruption avec pour point d'encrage l'endroit où je m'étais cognée. Mais quand je portai mes doigts sur l'endroit précis, quelque chose de liquide coulait sur ma peau. Aussitôt, je regardai mes doigts couvert d'un liquide rouge. Mon coeur avait eu plusieurs ratés durant un court instant où j'avais perdu le fil des événements. Lui me regardait avec un regard aussi perdu que le mien.
Mes yeux me brûlèrent et je me remis sur mes pieds non sans vaciller un peu et avant même qu'il ne fasse un geste j'étais sortie de la chambre pour m'enfermer dans une pièce au rez-de-chaussée. Toute la nuit il la passa à tambouriner à la porte, en s'excusant afin que je sorte. Moi je l'avais passée tétanisée à pleurer et à prendre conscience de la réalité des choses. Je vivais avec un ivrogne qui à chaque moment pourrait me faire du mal... Ce que je ne savais malheureusement pas c'est que mon calvaire ne faisait que commencer.

Durant près de deux ans je vécus dans la peur constante que mon père abuse de moi. J'étais constamment sur mes gardes, m'enfermant à clé. Je me rappelle très bien de mon quotidien, mon objectif premier était de jamais le croiser le soir. Le matin je me levais avant lui je prenais ma douche en faisant le moins de bruit possible avec la porte fermée. Avant de sortir je m'assurais toujours de ne pas l'entendre à travers la porte. J'étais sur mes gardes encore plus lors des repas et des jours de repos. Ayant perdu son boulot, il était perpétuellement à la maison et il nous fallait de l'argent pour vivre alors pour passer moins de temps possible dans ce piège à souris je travaillais à l'extérieur et quand je rentrais il était toujours sur son fauteuil endormi totalement saoul. Je pouvais alors dormir d'une oreille correctement. Durant ces deux longues années j'avais appris à maîtriser l'art de la dissimulation et du mensonge comme personne, bien trop honteuse pour avouer que mon père était un ivrogne qui me battait et essayait d'abuser de moi dès qu'il en était capable. En plus qui m'aurait cru ? Qui aurait pu croire une fille de 16-17 ans qui avait subi un choc psychologique avec la perte de sa mère et en plus adoptée. Sur ce point je ne me posais pas vraiment de question, pourtant j'avais cherché des preuves dans les papier de ma défunt mère sans rien trouver. J'avais donc abandonné cette quête de réponse et je me concentrais pour me sortir de là.

Malheureusement la roue qui régissait ma vie semblait être bloquée sur le mot « drame », car un nouveau drame se produisit un peu avant mon anniversaire. Je ne préfère pas entrer dans les détails de cette atroce nuit. Je resterai donc dans la surface des choses. Un soir alors que je rentrais plus tôt de mon petit boulot de serveuse, je découvris le repas prêt et mon père tenant debout sur ses deux jambes. Je m'étais méfiée, mais pas assez. Il m'avait proposé de fêter sa décision de ne plus boire et de se reprendre en main. Aussi naïve que j'étais je l'ai cru. Je bus donc à cette « bonne nouvelle ». Ce que je ne compris qu'après c'est que dans le verre qu'il m'avait versé il y avait glissé une drogue pour m'abrutir. Quand je commençai seulement à me demander ce qui se passait, il était trop tard. La tête me tournait, une désagréable sensation d'endolorissement dans mes membres, avait surgit et je ne trouvais plus la force de me mouvoir. Tout ce que je me souvins de cette nuit c'est ce sourire victorieux que mon père avait affiché sur son visage. Après le néant total. Quand je me réveillai, je me trouvais dénudée dans le lit de mon père lui à mes côtés. Dégoutée de ce spectacle je m'étais levée aussitôt, vacillante sur mes pieds je m'étais rhabillée et m'étais rendu au poste de police le plus proche, dans l'état où j'étais. Devant l'agent qui m'accueillit je dis d'une voix fébrile aux bords des larmes. « Je veux porter plainte contre mon père adoptif pour abus sexuelle et violence physique. »

UNDERCO

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